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La famille du brochet

Le brochet est un poisson de l’ordre des esociformes et de la famille des ésocidés.
A noter qu’il est regroupé avec les salmoniformes dans un super ordre

(les protacanthopterygiens).

Il se distingue des salmoniformes par l’absence de la nageoire adipeuse.

En continuant la classification des espèces, le brochet est du genre Esox et de l’espèce lucius.
Facilement reconnaissable, la famille des ésocidés possède des nageoires pectorales basses,

une nageoire dorsale très reculée (position au-dessus de la nageoire anale)

et la nageoire caudale est échancrée.

Cette famille est aussi caractérisée par la présence de canaux sensoriels « infra-mendibulaire » à 8 pores ou plus. Ce sont les petits trous qu’on peut observer sur la mâchoire inférieure du brochet. Ceux-ci lui servent à « sentir » son environnement.
La famille est caractéristique des eaux douces lentiques (cours d’eau lents, étangs, lacs,…) mais peut aussi être trouvée en eaux saumâtres comme dans la mer Baltique.
Dans tous les cas, c’est une famille typique de l’hémisphère nord, de la Sibérie, à l’Amérique du nord en passant par l’Europe.
Dans la famille des ésocidés, on compte 10 espèces, l’hybridation entre ces espèces est possible en laboratoire mais peu observée dans le milieu naturel car il existe un isolement géographique dû aux exigences écologiques des espèces.

 

Le genre Esox…
Taillé pour la vitesse le corps est fusiforme pour les cinq espèces du genre. Exclusivement piscivore, les juvéniles peuvent exercer un cannibalisme
démesuré sur la reproduction de l’année.
Pour ces espèces, la maturité sexuelle est atteinte entre 2 et 3 ans et le frai se déroule au printemps pour trois espèces (dont notre brochet) et
en automne pour les deux autres. De taille variée, les espèces du genre vont de 28 cm pour les plus petites à 120 cm à l’age adulte.

 

Et l’espèce lucius


Reconnaissable parmi tous par ses couleurs vert-jaune, elles varient en fonction de

 

l’environnement dans lequel évolue le brochet. Elle peut virer au noir dans les étangs très

 

vaseux, au jaune dans les eaux saumâtres et être très verte dans les eaux riches en végétaux.

 

La taille moyenne de l’espèce est de 50 à 60 centimètres, elle peut atteindre 90 à 100 cm

 

pour 8 kilogrammes et un âge de 10 à 12 ans. Cependant, on peut capturer en France des

 

individus de 130 cm pesant plus de 15 kg et âgés d’environ 15 ans. Espèce très peu exigeante

 

sur les conditions de vie, on le retrouve dans les eaux de deuxième catégorie piscicole mais

 

aussi de plus en plus dans les parties avales de première catégorie. Il supporte des eaux

 

chaudes ou très froides avec un optimum de croissance compris entre 10 et 23°C.

 

 

Les raisons d’un déclin annoncé…

 

 

Dans l’ensemble de l’hémisphère nord, les cinq espèces du genre Esox sont

recherchées pour la pêche sportive. En France, le brochet est très prisé par les anciennes

générations, pour qui, il reste le poisson roi et par les jeunes générations qui sont à la

recherche de poissons trophées. Malheureusement, depuis bon nombre d’années,la

population de brochet subit des prélèvements immodérés. Certains pêcheursallant

jusqu'à se venter de prendre et de conserver plusieurs dizaines de brochet àl’année. Dans

une population animale, si on enlève les géniteurs, qui va faire les petits ? La même question se pose pour le brochet, nous sommes aujourd’hui en grand manque d’adultes. De plus le frai de ce poisson étant un peu particulier, les aménagement santhropiques ont considérablement provoqué la chute de l’espèce.

 

Une reproduction délicate et exigeante !

 

Les femelles portant entre 15 000 et 45 000 oeufs par kilogramme de poisson, suivent les phénomènes de crue printaniers pour se rendre dans les prairies ou zones herbacées inondées. Elles déposent leurs oeufs par groupe de 60 ovules dans des zones peu profondes (0.30 à 1 mètre) sur des plantes. Les mâles fécondent ensuite ces ovules et les oeufs doivent pouvoir rester dans l’eau pendant environ neuf semaines afin de voir repartir les alevins dans le milieu naturel.

 

 

 

 

Les jeunes brochetons à la sortie de l’oeuf se fixent, à l’aide d’une ventouse qu’ils possèdent sousle cou, sur une herbe très proche de la surface. Ce placement dans la couche d’eau lui permet de profiter plus rapidement du réchauffement de l’eau mais aussi de pouvoir capturer zoo et phytoplancton présent en abondance dans cette lame d’eau après avoir consommé l’ensemble de la réserve d’éléments nutritifs contenue dans la poche vitelline. Cette poche composée des réserves contenues dans l’oeuf lui permet de commencer à s’alimenter sans avoir à chasser.

 

 

 

 

 

 

 

 

Après une quinzaine de jours, les alevins vont devenir « nageant », ils vont commencer à chasser des proies plus grosses comme des larves d’insecte ou des petits poissons et pourquoi pas un brocheton passant par là. A ce stade, les principaux risques pour les juvéniles sont : l’assèchement de la frayère, le cannibalisme ou la prédation par de grosses larves d’insectes aquatiques comme la larve dudytique. Enfin, après 40 à 45 jours les brochetons repartent vers les cours d’eau où ils vont continuer à grandir pour le plaisir du pêcheur. Malheureusement, ce cycle de reproduction si particulier est en totale inadéquation avec les campagnes de protection contre les crues sur l’ensemble du territoire français. Il est donc simple de comprendre que la pression de pêche sur l’espèce additionnée à une impossibilité de se reproduire conduit inexorablement vers une diminution, voire une disparition de cette population.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Se reproduire c'est bien, préserver la ressource c'est mieux!

 

Les gens peuvent continuer de dire à tord, que le brochet disparaît à cause de l’arrivée de certaines espèces de poissons ou d’oiseaux mais celle qui détruit le plus le brochet reste l’espèce humaine. En effet, la Fédération pourra continuer son travail sur les zones de frayère, tant que les pêcheurs n’auront pas des prélèvements responsables, l’espèce ne connaîtra pas de renouveau. Sans prôner un « no-kill » intégral, il est impensable aujourd’hui de garder des dizaines et des dizaines de poissons à l’année. Prenons l’habitude de remettre à l’eau maître Esox pour lui permettre de nous donner de nombreux petits et pourquoi pas avoir la chance de le combattre une nouvelle fois.

 

 

 

 

 

 

 

Le brochet peut-être sauvé

Malgré l’ensemble des points noirs qui pèsent sur l’espèce, (surpêche, impossibilité de se reproduire, braconnage,…) le brochet peut encore être sauvé d’une fin annoncée. En effet, même si les dernières années prévoient une raréfaction voire une disparition de l’espèce, ceci n’est pas gravé dans le marbre. Si tous les échelons de la pêche associative du département travaillent main dans la main, le brochet pourra de nouveau hanter les fonds calmes et riches de nos majestueux cours d’eau ardennais.

 

Michaël KOBUSINSKI

Technicien Milieu Aquatique FDAPPMA 08

Brocheton dans la végétation aquatique, le mimétisme est très important
pour sa survie au cours des premiers mois de sa vie

Alevin nageant capturé en pêche électriques

Un petit mot de gestion pour les Associations

 

Afin de pérenniser l’espèce, il est conseillé de remettre à l’eau de petits sujets « fingerlings » (7 à 12 cm) plutôt que des sujets adultes qui vont contenter le pêcheur mais qui ne feront rien pour stabiliser la population. Au contraire, ces individus peuvent êtres de gros prédateurs pour le frai naturel du secteur.

Une espèce de plus en plus protégée

 

Le brochet, est cité dans l’arrêté ministériel du 8 décembre 1988 fixant la liste des espèces de poissons protégées sur l'ensemble du territoire national. Récemment, le brochet a été classé dans la liste rouge nationale à l’échelon « vulnérable ». Enfin, il ne faut surtout pas oublier la protection que sont les dates d’ouvertures spécifiques.

En effet, les dates permettent de laisser les poissons se reproduire sans risquer de se faire capturer. Cette année, la pêche du brochet sera interdite du 1er février 2013 au 30 avril 2013 inclus. Cette fermeture interdit l’utilisation de toutes les techniques susceptibles de capturer non accidentellement le brochet.

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